2005 : Art Dialogue sous l'égide de l'Institut de France : Histoire d'une ligne
1998 : Abolition de l'Esclavage
1993 : Environnement peint au Lycée Hugues Capet à Senlis
Quand Corinne Béoust m’a proposé de travailler pour la Fondation Art Dialogue, l’idée d’implanter l’abstraction dans la ville de Yerres précisément m’a immédiatement tentée.
Voici une dizaine d’années que j’y enseigne les Arts Plastiques à des adolescents, et les plus anciens ont maintenant l’âge d’homme, ils constituent une partie importante de la population qui parcourt la ville.
Le métier d’enseignant requiert d’ouvrir sur les pratiques contemporaines les plus diversifiées, et la vocation tout à fait personnelle de peintre résolument abstrait doit savoir s’y faire le plus discrète possible. Très peu doivent avoir la connaissance de mon activité principale d’artiste peintre, et ce que les Yerrois verront parcourir la ville sera pour la plupart anonyme.
Une préoccupation majeure et continue de cette activité d’artiste (et c’est l’objet de ma thèse de 3° cycle en cours d’écriture) est le sens et la lisibilité de l’abstraction aujourd’hui.
Les signes plastiques, les figures, les matériaux, les supports, les gestes, la temporalité et le mode de fabrication sont autant d’éléments signifiants à décrypter qui agissent de façon subliminale sur le spectateur. Celui-ci, s’il n’est pas conscient du sens d’un tableau, peut être amené, guidé par des questionnements, à faire émerger le sens : c’est aussi la pédagogie des Arts Plastiques, qui amène à la signification par la pratique et la réflexion sur cette pratique.
Art Dialogue a la vocation de faire dialoguer le spectateur et l’œuvre d’art. Quelle meilleure façon que d’inciter à la création le spectateur, plutôt que de le confiner à raconter sa réception de l’œuvre, ce qu’il fera d’autant mieux s’il la pratique comme de l’intérieur.
Il y a quelques années, j’avais conçu un cours d’initiation à l’abstraction, qui consistait à réaliser, sur une feuille de format libre, un point, une ligne, un carré, une tache.
Le travail fait, chaque élève devait chercher dans cette représentation (ou du moins ce qui devenait, du coup, une représentation) qui il était : le point, la tache, le carré, la ligne, ou le support blanc, et ensuite raconter une histoire en définissant ce que pouvaient être les autres éléments, sa relation à eux, leur relation entre eux.
Ainsi, par ce jeu projectif, ils étaient obligés de donner un sens abstrait à chaque figure abstraite, et à la structure de la totalité. Le rôle du professeur était ensuite de relier les différentes acceptions données à chaque figure, et de faire prendre conscience que chaque figure prend sens dans la structure où elle apparaît : le carré est un cadrage, une maison, soi parfois, un lieu qui délimite un intérieur et un extérieur de façon rationnelle, etc… La tache est un élément qui fait rire ou effraie parce qu’elle suppose une part d’accident dans une part de contrôle, c’est toujours un débordement, etc… une ligne apparaît comme un parcours, une vie, un processus, qu’il soit fluide, accidenté, droit au but, ou sans but… A cela s’ajoutait le pouvoir symbolique du rouge, du noir et du blanc.
Ainsi donc, pratiquer cette sorte de jeu fait comprendre, en s’y impliquant, ce que peut signifier pour lui la figure du carré, la figure du point, de la tache, de la ligne.
J’ai donc pensé faire une ligne qui parcourrait la ville. Elle irait de la Poste au Parc Caillebotte, en point d’interrogation, selon une idée de Luc Fritsch. On peut trouver une interprétation à cette symbolique, on peut même en trouver dix mille, en tout cas le nombre d’habitants au moins de cette ville. Et ce n’est pas nous qui en donnerons la solution : ce sera un jeu pour celui qui tâchera d’y répondre.
The major and uninterrupted preoccupation of my artistic activity is the public's understanding of abstraction nowadays.
The plastic signs, the figures, the materials, the backgrounds, the gestures, the temporality (the moment), and the manner of creation of the work are so some of the many elements which act on the the audience subliminally. A simple chat with audience members helps them realize their giving a name to the things and the energies of an abstract painting, and they begin to understand.
Now, Art Dialogue is dedicated to further the dialogue between viewers and pieces of art.
Notebooks are placed throughout the city, and an inaugural sentence must be written by the artist.
In my work as a teacher, I have faced difficulty in motivating students if no obligation, as if it were a rule of a game to follow, is given of them.
I find offering the liberty to speak of the work without guiding the public rather inhibiting.
A few years ago, I had designed an introductory course in abstraction, which consisted of creating on a book-sized sheet of paper a dot, a line, a square, and a mark on a white background, and place them in relation to one another.
With the work completed, every student was required to search, in this representation, who he or she was : the dot, the mark, the square, the line, and the white background, and after, the student was required to tell a story, (while) defining what the other elements may be, his relation to them, and their relation to each other.
Therefore, I took up the game again and asked pedestrians to draw, using the same figures I allowed myself to paint: a line, a square, a mark, a dot.
My desire was to make a line which traversed the city, in multiple steps, from the Post Office to the Market.
This line tells its story across several paintings, meeting squares, dots, X's, and marks.
And all that on the background of the wall color, whose virgin parts gave meaning to the canvas' transparency.
Quand Corinne Béoust m’a proposé de travailler pour la Fondation Art Dialogue, l’idée d’implanter l’abstraction dans la ville de Yerres précisément m’a immédiatement tentée.
Voici une dizaine d’années que j’y enseigne les Arts Plastiques à des adolescents, et les plus anciens ont maintenant l’âge d’homme, ils constituent une partie importante de la population qui parcourt la ville.
Le métier d’enseignant requiert d’ouvrir sur les pratiques contemporaines les plus diversifiées, et la vocation tout à fait personnelle de peintre résolument abstrait doit savoir s’y faire le plus discrète possible. Très peu doivent avoir la connaissance de mon activité principale d’artiste peintre, et ce que les Yerrois verront parcourir la ville sera pour la plupart anonyme.
Une préoccupation majeure et continue de cette activité d’artiste (et c’est l’objet de ma thèse de 3° cycle en cours d’écriture) est le sens et la lisibilité de l’abstraction aujourd’hui.
Les signes plastiques, les figures, les matériaux, les supports, les gestes, la temporalité et le mode de fabrication sont autant d’éléments signifiants à décrypter qui agissent de façon subliminale sur le spectateur. Celui-ci, s’il n’est pas conscient du sens d’un tableau, peut être amené, guidé par des questionnements, à faire émerger le sens : c’est aussi la pédagogie des Arts Plastiques, qui amène à la signification par la pratique et la réflexion sur cette pratique.
Art Dialogue a la vocation de faire dialoguer le spectateur et l’œuvre d’art. Quelle meilleure façon que d’inciter à la création le spectateur, plutôt que de le confiner à raconter sa réception de l’œuvre, ce qu’il fera d’autant mieux s’il la pratique comme de l’intérieur.
Il y a quelques années, j’avais conçu un cours d’initiation à l’abstraction, qui consistait à réaliser, sur une feuille de format libre, un point, une ligne, un carré, une tache.
Le travail fait, chaque élève devait chercher dans cette représentation (ou du moins ce qui devenait, du coup, une représentation) qui il était : le point, la tache, le carré, la ligne, ou le support blanc, et ensuite raconter une histoire en définissant ce que pouvaient être les autres éléments, sa relation à eux, leur relation entre eux.
Ainsi, par ce jeu projectif, ils étaient obligés de donner un sens abstrait à chaque figure abstraite, et à la structure de la totalité. Le rôle du professeur était ensuite de relier les différentes acceptions données à chaque figure, et de faire prendre conscience que chaque figure prend sens dans la structure où elle apparaît : le carré est un cadrage, une maison, soi parfois, un lieu qui délimite un intérieur et un extérieur de façon rationnelle, etc… La tache est un élément qui fait rire ou effraie parce qu’elle suppose une part d’accident dans une part de contrôle, c’est toujours un débordement, etc… une ligne apparaît comme un parcours, une vie, un processus, qu’il soit fluide, accidenté, droit au but, ou sans but… A cela s’ajoutait le pouvoir symbolique du rouge, du noir et du blanc.
Ainsi donc, pratiquer cette sorte de jeu fait comprendre, en s’y impliquant, ce que peut signifier pour lui la figure du carré, la figure du point, de la tache, de la ligne.
J’ai donc pensé faire une ligne qui parcourrait la ville. Elle irait de la Poste au Parc Caillebotte, en point d’interrogation, selon une idée de Luc Fritsch. On peut trouver une interprétation à cette symbolique, on peut même en trouver dix mille, en tout cas le nombre d’habitants au moins de cette ville. Et ce n’est pas nous qui en donnerons la solution : ce sera un jeu pour celui qui tâchera d’y répondre.